Patrick Pagès, notre ami cévenol, s’est éteint ce soir à 21 heures. Il laisse en nous un tel sillage de lumière, qu’il m’est impossible de ne pas le partager avec vous. C’était un artiste de la cuisine, haut en couleurs et en saveurs. un poète. Peintre foisonnant d’émotions, photographe débordant d’images, il a parsemé notre amitié de ce sourire qui nous revient aujourd’hui comme une source inépuisable de souvenirs, de complicités. Sa devise “Car rien sans amour”, a fait de son chemin un partage de passion, tant par la qualité de ses mets et sa connaissance des vins (meilleur sommelier de France) que par la bienveillance de son regard et son attention aux autres. Son amitié nous était, et nous restera à jamais précieuse. Depuis notre rencontre à Vialas, il a habité notre vie, accompagné nos joies, partagé en douceur ou en douleurs les étapes importantes, les instants décisifs. Le temps ne comptait pas dès lors qu’un ami était dans la détresse. Nous ne nous sommes jamais quittés, et ce soir, il est partout. Merci pour ces beaux jours de promenade sur les voies romaines aux empreintes de chars sur la pierre, pour cette demi-bouteille d’Yqem ouverte comme une messe, merci pour ta belle visite surprise à l’Européen à l’occasion de la sortie de l’album “(fr)agiles” comme un défi à la maladie, merci d’avoir ouvert ton âme avec ton vin, ta vie avec tes bras… Être mort, pour un si beau vivant, ce n’est pas disparaître. C’est impossible, tu es là, encore, près de nous, souriant de ton travail bien fait d’homme du Monde. Ce soir, le coup de fil de notre cher Philippe Faure-Brach était un coup au coeur. En voyant son nom s’afficher, nous avions déjà deviné Noëlle et moi que tu venais de partir. Il y a deux jours, pourtant, tu nous as dit au téléphone, “je me bats, je vous aime”… Tu n’étais pas présent à toutes nos fêtes, tu “étais” toutes nos fêtes. Il y avait toujours quelque chose de toi dans nos bonheurs, un conseil, une recette, un détail. Il y aura toujours quelque chose de toi désormais dans notre vie : ton absence.
“Tu l’auras ton étoile un beau jour c’est certain
Mais le ciel tout entier t’appartient”.
à Christiane, ton épouse, à ton fils Lucien, et à tous les tiens, notre profonde affection et toute notre tendresse,
Noëlle et Yves
MON AMI CÉVENOL (à Patrick Pagès)
Paroles et musique YVES DUTEIL
Il existe une auberge à deux pas d’une école
Quelque part en pays cévenol
Comme un vieux coeur de pierre sur le flanc d’un rocher
Au milieu d’un village oublié
On y fait des festins mais celui qui les sert
Vous en parle si bien qu’au dessert
Il reste au fond du coeur un parfum d’amitié
Qui ressemble à la félicité
Il vous ouvre sa vie, sa cave et son savoir
Et sa table est un livre d’histoire
La saveur de son vin, pareille à son regard
Laisse autant de tendresse et d’espoir
Il nous a raconté les mines abandonnées
Les maisons des vallées désertées
Les villages où les arbres et les lianes ont poussé
Sur les murs et les toits effondrés
Dans ce curieux décor de forêts pétrifiées
Où le temps semblait s’être arrêté
Il restait par endroits des lambeaux du passé
Que les vents n’avaient pas dispersés
De longues promenades en secrets échangés
On était un peu moins étrangers
De ces jours de magie, de bonheurs partagés
Il nous reste un grand vide à combler
Mon ami cévenol, tu m’as fait bien plaisir
Je n’ai que ma musique à t’offrir
Je t’écris ces couplets dans ma tête en secret
En hommage à ton talent discret
N’aie pas peur de vieillir, ton bonheur est ici
Dans ces pierres où ton père a grandi
Tu l’auras ton étoile un beau jour c’est certain
Mais le ciel tout entier t’appartient.
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