Claude Dejacques était un grand voyageur. Journaliste, romancier, baroudeur, il a trouvé auprès des artistes sa véritable vocation. Il a accompagné les plus grands et servi leur talent comme on cultive une fleur précieuse. Avec délicatesse, respect et discrétion, il était souvent silencieux. Econome de ses mots, il parlait davantage avec les yeux, du fond de son sourire bienveillant. Discret comme un chat, il était à l’affût de la bonne prise de voix, et savait mettre les artistes en confiance, au studio comme en écriture, et dans ces moments fragiles où l’émotion ne reviendra pas deux fois, il savait enclencher l’enregistrement quand il sentait que le coeur s’était ouvert face au micro, de l’autre côté de la vitre, dans la solitude feutrée du studio… Je l’aimais comme un père…
Une chanson belle à pleurer. Qui nous rappelle avec douceur et violence, à nous aussi forcément, la douleur de l’absence.
Et l’immense bonheur d’avoir eu la chance de connaître un être cher…
Et l’immense bonheur de vous avoir, vous, pour ami, ici…
Bonjour,
Il est courant de hiérarchiser, de graduer, la douleur liée à un deuil.
La perte d’un ami est parfois sous-estimée par rapport à un membre de sa fratrie. La puissance d’un deuil est différente d’une personne à l’autre, selon les liens, même parfois brefs, entretenus avec la personne décédée et l’affection qui lui était portée.
Merci pour cette belle chanson, à demain
Bonsoir Yves, bonsoir Noëlle, bonsoir à tous,
Claude Dejacques, pour moi, c’était un nom lu sur des pochettes d’album, un de ces noms dont on sait qu’ils ont contribué à l’éclosion d’un artiste mais que dont on identifie assez mal le rôle exact. La seule chose dont on est certain, c’est qu’il s’agit de l’un des rouages du processus de la création, et que certains de ces rouages sont essentiels.
Et puis un jour, il y a eu cette belle lettre, dans le courrier des lecteurs d’un «Paroles et Musiques» d’avril 1988, intitulée «Qui aime bien copie bien».
Elle était signée Claude Dejacques.
En réponse à un article de la revue consacré au plagiat, il y racontait quelques anecdotes et livrait quelques réflexions sur les sources d’inspiration qui deviennent inconscientes et conduisent certains à reproduire ce qu’ils ont aimé sans même s’en apercevoir.
Petit extrait :
«En trente ans, j’ai assisté nombre de fois à des querelles de pompage, par exemple celle du regretté Jean-Michel Caradec avec Yves Duteil. Yves avait raison : Jean-Michel avait pompé ; il avait mémorisé une mélodie et celle-ci était ressortie un jour sur le manche de sa guitare avec des mots nouveaux, sans qu’il en ait eu vraiment conscience tellement c’était flagrant. Alors pour calmer le jeu entre deux de ses sociétaires, la Sacem avait sorti une vingtaine de versions antérieures du même thème».
Et là, je me suis sentie soulagée…
J’avais cent fois écouté «La tendre image du bonheur», et cent fois écouté «Portsall». Je ne suis pas musicienne, mais tout de même, la similitude des deux mélodies m’avait frappée. Je me disais toujours que ce n’était qu’une impression, mais Claude Dejacques a ainsi simplement confirmé, sur le ton badin, que je n’avais pas d’hallucinations auditives. Ce que j’en retiens, malgré l’existence de multiples versions antérieures, c’est “Yves avait raison”. Eh oui, «La tendre image du bonheur» est sortie avant «Portsall»… donc nous savons qui des deux a influencé l’autre !
La version intégrale de cette lettre est un petit bijou, et on comprend mieux, dans le dernier paragraphe, quel est le rôle d’un directeur artistique.
Ce dernier extrait de sa missive explique peut-être beaucoup des destins de feuille morte de ceux qui n’ont cherché qu’à rester dans le vent en imitant ce qui avait déjà réussi à d’autres :
«Aussi terminerai-je par une boutade : dépassez votre modèle et construisez un chef d’œuvre, on ne vous dira rien. Sinon, ça peut faire très mal».
Beaucoup de directeurs artistiques actuels feraient bien de l’expliquer aux dizaines de clones qu’ils élèvent en batterie pour un usage de très courte durée…
Merci à cet ami parti d’avoir veillé sur vous, Yves. Nous lui sommes tous reconnaissants, même sans jamais avoir croisé son chemin.
À demain…
Grosses Bises à Yves et Noëlle…
Hélène.
L’amitié est une belle histoire rare et précieuse.
Se trouver au bon endroit, au bon moment et rencontrer quelqu’un qui sera à nos côtés pour un bout de chemin ou pour la vie et qu’on oubliera jamais. Qui nous donnera la main dans les bons et les mauvais moments , qui sera un guide, qui nous offrira sa confiance et sera sincère à chaque instant c’est un cadeau hors de prix.
J’ai découvert ce blog il y a déjà longtemps. C’était le bon endroit au bon moment et j’y ai croisé virtuellement, des personnes formidables, des affinités se sont forgées, nous nous sommes rencontrés “en vrai” et nous sommes devenus, grâce à toi cher Yves, des amis fidèles et très précieux, nous partageons ensemble des superbes et inoubliables moments.
Loin des yeux mais près du cœur dit on, c’est tellement vrai.
Pour cette douce chanson qui exprime si bien mes pensées, je te remercie du fond du cœur
Et puis il y a l’écritoire de voyage, ce petit objet merveilleux et raffiné qui a la plus haute valeur à vos yeux puisque c’est celle de l’amitié .
En toute amitié, je vous embrasse.
A demain
Nicole
Cher Yves,
Ce soir, en écoutant les mots qui accompagnent ta chanson du jour interprétée avec tant de douceur, je ressens l’impression d’être entrée par effraction dans le cœur de l’intime, là où les mémoires portent le poids de lourdes pierres tombales que l’amitié ou l’amour peuvent cependant rendre légères, comme un linceul…
Je repars doucement en te disant à demain.
PS : c’est vrai ce qu’écrit Nicole, grâce à toi, de beaux liens se tissent comme une belle toile
Bonjour Noëlle et Yves. Quelle émotion à l’écoute de ce titre ! On ressent et on vit la rencontre qui a forgé votre énergie pour toujours faire bien, faire mieux. Il en est de même pour l’absence de l’ami bienveillant et vigilant. Elle était mon professeur de français en 5eme et 6eme secondaire. Pendant les cours, pour les élèves en classe, elle était Madame. Dès que sonnait la fin des cours elle était Claude. Nous passions des weekends entiers ensemble. Elle nous offrait des visites guidées dans les textes de poésie, des romans, des chansons. Elle m’a appris le théâtre ainsi que le respect des auteurs et du public. Le jour de la remise de nos diplômes elle nous a quitté brutalement. Son regard nous manque. Merci à Hélène de donner toutes ces précisions d’archives. Celà nous est précieux et enrichissant. Mon oreille ne m’avait donc pas trompée par rapport à la musique de Jean Michel Caradec. Belle soirée à tous. A demain.
Cette chanson est juste magnifique et ce soir en l’écoutant, elle m’a profondément touché.
La larme a coulé et m’a rappelé combien l’absence de mes proches les rendait encore bien plus chers dans mon coeurs.
Quel bel hommage à Monsieur Claude Dejacques.
Cette chanson est est tellement belle et empreinte d’émotion qu’on ne peut refouler ses larmes en l’écoutant , la gorge serrée. Ces paroles sont si belles qu’elles vous remuent au plus profond du cœur.
En tant que musicienne pianiste, je suis très sensible aussi à la ligne mélodique de votre musique ! Merci Yves Duteil pour les belles émotions que vous provoquez en nous ! Amicalement.