Aujourd’hui, voici “Dreyfus”… L’Histoire, avec un grand “H”, croise celle de ma famille. Lucie, l’épouse admirable d’Alfred, était la soeur de ma grand’mère, Alice Duteil. Nous avons longtemps porté “L’affaire” comme une ombre sur nos vies. A la maison, nous n’en parlions pas. Si nous vivons désormais dans la lumière de cet homme intègre et loyal à son pays, c’est pour beaucoup grâce au courage d’Emile Zola et à son “J’accuse”, ce moment de la conscience humaine publié dans “L’Aurore” le 13 janvier 1898. Après la Justice, après la Nation, La “Grande Muette” n’a reconnu officiellement l’innocence du Capitaine qu’en 1998, lors d’une grande cérémonie à l’Ecole Militaire, en présence de tous les corps d’Armée. Nous étions là, avec la famille Zola. Il aura fallu un siècle pour que “la vérité en marche” confirme de façon définitive l’innocence d’Alfred Dreyfus. Il est décédé le 12 juillet 1935. Le 13, son convoi funéraire a traversé la Place de la Concorde, alors que l’Armée répétait le défilé du 14 juillet. Au passage de ce convoi militaire, les soldats se sont mis au garde à vous, et sans le savoir, ils ont rendu les honneurs au Capitaine Dreyfus…
Je n’aurai, encore une fois, qu’un seul mot, Respect !
Je conseille un livre que j’ai lu très récemment, le très volumineux, très documenté, “L’Affaire” de Jean-Denis Bredin (de l’Académie française) édité chez Fayard/Julliard. 730 pages passionnantes, précises, détaillées sur cette affaire d’état qui a fait couler tant d’encre et de larmes.
Je ne comprendrai jamais ce qui pousse les hommes à tant de cruauté envers un autre, que celui-ci soit coupable ou innocent comme l’était le Capitaine Dreyfus, lui qui a souffert le martyre sur l’Ile du Diable, dans sa chair et dans son coeur d’honnête homme, de mari aimant et de père de famille soucieux de l’avenir de ses enfants bienaimés.
Yves, ta chanson, je la mets au panthéon de ton répertoire. Merci pour cet émouvant podcast.
A demain !
Bonjour Yves, bonjour Noëlle, bonjour à tous,
Mardi 4 octobre 1983, au lendemain d’un concert à guichets fermés au Fémina, à Bordeaux, FR3 Aquitaine avait déployé les grands moyens, pour une belle émission de presque une heure, où deux invités prestigieux devaient venir nous parler de leur actualité, ou de l’actualité au sens plus large du terme. Évidemment, il n’y avait à l’époque guère d’annonce des programmes, même dans notre quotidien régional, mais j’ai toujours eu un flair de limier, donc, exceptionnellement, j’ai décidé de regarder ce mini-débat. Je n’ai pas été déçue.
Pari gagné : Yves, vous étiez sur le plateau, et en direct, qui plus est, puisque, dans les années 80, le direct était de mise pour ces émissions régionales. Autre invité ce jour-là, et non des moindres : Robert Badinter, alors Garde des Sceaux.
L’actualité était fort riche, entre les policiers qui, quelques mois plus tôt, avaient manifesté contre le «laxisme» de la justice (déjà !…) et la «percée» du FN au premier tour d’une municipale partielle à Dreux, donc Robert Badinter avait à répondre à pas mal de questions qui n’avaient rien de légères. Ma première pensée avait alors été, «Mon Dieu, heureusement, côté musical, ce sera plus serein…»
Effectivement, nous avions eu droit à une jolie prestation en direct sur «Ca n’est pas c’qu’on fait qui compte», ce qui m’a sur le moment semblé normal puisque «La statue d’Ivoire» n’était pas encore en vente dans les bacs. Évidemment, la parution imminente de l’album avait tout de même fait l’objet de quelques questions des journalistes, mais ce n’est pas vraiment ce qui a attiré l’attention de ma Maman.
Grande spécialiste en décodage de regards, elle m’a immédiatement dit «Observe comment Yves regarde Badinter tout en chantant. Il y a un truc qu’on ignore derrière tout ça». Il faut avouer que le regard de «killer» était de sortie…
Le débat qui suivit fut passionnant, mi-historique, mi-philosophique, tournant autour des erreurs judiciaires, des effets de manches dans les tribunaux, des «bons mots du procureur» , avec, en permanence, ce fameux regard, franc, direct, qui en disait long sans en avoir l’air, et, impossible de ne pas le remarquer, que le Garde des Sceaux avait un peu de mal à soutenir longtemps.
À la fin de l’émission, toujours perspicace, ma Maman m’a dit : «Cette chanson en cache une autre, qui viendra plus tard. Un jour, sans doute, nous saurons pourquoi il a cette sensibilité vis-à-vis de l’injustice, mais nous le saurons en chanson, parce qu’il n’a pas l’air disposé à en parler directement».
Avoir la mémoire longue est paraît-il en partie héréditaire. En 1997, à la première écoute de «Dreyfus», nous avons instantanément compris. Sentence de ma Maman : «C’était donc ça, qu’il y avait derrière son échange avec Badinter. Je savais bien qu’il y avait un truc».
Voilà pourquoi, dans mon esprit, «Dreyfus» est le prolongement sérieux du très léger «Ça n’est pas c’qu’on fait qui compte», qui déblaya le chemin en 1981…
A demain…
Grosses Bises à Yves et Noëlle…
Hélène.
Une poignante chanson sur une bien triste affaire, symbole de l’injustice et de l’antisémitisme… Elle est aussi le symbole de la persévérance et du courage, un vrai combat pour la vérité et pour l’honneur retrouvé.
Quel bel hommage !
Bien cher Yves et bien chère Noëlle
J 11 – Mercredi 25 ocotobre … Un jour, une chanson … ” Dreyfus ” Touché – comme le titre de votre chanson de 1997. Douces pensées et surtout RESPECT
Je me suis permis d’associer ces deux titres de vos albums Touché et Respect
Extrait paroles ” Dreyfus ” 1997
… Lucie… Mon corps est à genoux mais mon âme est debout.
Un jour je reviendrai vers la terre de France
Crier mon innocence et retrouver la paix …
Extrait paroles ” Respect 2018 …
Respect
C’est la force qui nous inspire
Pour pouvoir résister au pire
Et faire face en restant debout
Plutôt que de vivre à genoux …
Je prends beaucoup de plaisir à partager vos rendez vous quotidien sur notre groupe ” les Amis d’Yves Duteil ”
MERCI de tout coeur pour l’homme extraordinaire que vous êtes, accompagné à vos côtés par Noëlle, votre Muse.
Duteillement votre …
Chantal
C’est l’histoire avec un grand “H”, celle du capitaine Dreyfus, d’un homme injustement puni de manière ignoble, humilié, torturé à qui il a fallu une force incroyable pour tenir sur cette île de tous les supplices.
C’est aussi l’histoire de toute une famille et en particulier celle de Lucie son épouse. Sa chère Lucie qui le somme de vivre, qui lui envoi de nombreuses lettres et qui se bat avec courage et dignité afin qu’on lui rende justice.
J’ai lu le livre d’Élisabeth Weissman “Lucie Dreyfus, la femme du capitaine” paru aux éditions Textuel en 2015. Ce livre au récit très touchant et très dur à la fois est bien documenté avec de nombreuses photos et lettres manuscrites, il pose un regard neuf sur ” l’affaire” et sort de l’ombre le destin de cette jeune femme qui a tellement compté dans toute cette (H)histoire et qui a porté son mari à bout de cœur.
L’innocence d’ Alfred Dreyfus a été reconnue et tu fais vivre son souvenir grâce a cette chanson terriblement
émouvante que tu portes sur scène à chaque concert avec tout le poids de tes sentiments et ceux de ta famille, enfouis depuis si longtemps…
Merci et à demain
Nicole
mon arrière grand pere anglais et journaliste est venu de Londres pour Paris pour suivre l affaire Dreyfus et il y a rencontré mon arrière grand mère ecossaise et l a enlevé et ils se sont mariés en france car à l époque les mariages anglais écossais n étaient pas bien vus. ils ont d ailleurs vécu beaucoup à Paris pour éviter les pb en Angleterre.
Ce texte enlève la chape qui pesait sur tous les membres de votre famille. Elle est une libération, un soulagement. Vous portez Dreyfus dans la lumière de la vérité et celle de la reconnaissance d’une souffrance inimaginable. Dès que vous commencez à la chanter sur scène on sent le public silencieux, écoutant chaque parole imprégnée de la mélodie qui le marque encore davantage. En 2005, je reçois un cadeau de fête des mères. La correspondance croisée d’Alfred et Lucie Dreyfus “Écris moi souvent, écris moi longuement” chez Mille et une nuits établie par Vincent Duclert. Quand je referme le livre, je suis marquée par leurs chemins de vie et de la manière tellement puissante dont vous avez retiré l’essence même de l’Histoire et de leur histoire. Le livre est résumé dans la chanson et la chanson porte ce livre. L’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre a sauvé leurs vies et leurs déterminations les a ramenés à la vie ensemble. A demain.
Bonjour,
Cette chanson est bouleversante. Amour, Persévérance, Respect.
Les échanges sur le blog, via les commentaires, sont généreux. Merci à tous.
Merci, à demain