Grand Prix Chanson In Honorem de l’Académie Charles Cros

Meudon, dimanche 2 Février 2025

” Bonjour à Toutes et à Tous… Les plus belles distinctions sont celles qu’on ne demande pas, qu’on ne refuse pas, et qu’on ne porte pas. Ce Grand Prix In Honorem de l’Académie Charles Cros, c’est différent. Mon dernier Prix d’Honneur date de la Communale. Et jamais je n’ai reçu de Prix pour ma carrière. C’est la première fois. Alors cette médaille-là, je la porterai. A l’intérieur de ma poitrine. Avec fierté et gratitude. Et qu’est-ce que je voudrais remercier avant tout ?

La gamme de Do et la langue française.

Un immense merci à toutes celles et à tous ceux qui m’ont accompagné dans ce voyage qui ne peut être résumé en quelques lignes. Peut-être en quelques mots-clés : Passion, émotion, justesse, beauté, liberté, action et engagement.

Et aussi douceur et fragilité.

Pour incarner la douceur, il faut assumer d’être fragile. En français, « fragile » veut dire « qui se casse facilement ». En anglais « fragile » est synonyme de « délicat, précieux ».

Alors j’ai choisi de fendre la cuirasse, de tomber l’armure, et quand j’entre sur scène, je ne me sens pas en danger. Comme aurait pu dire Pierre Desproges, « On peut pleurer de tout, mais pas avec n’importe qui. ».

Vous n’êtes pas n’importe qui.

Alors j’ai pu ouvrir mon cœur parce que je savais que vous en feriez bon usage. Et j’ai eu raison, puisque vous êtes là, cinquante ans plus tard…

Et la douceur…

Cette aspiration ultime de l’Humanité m’a fait souvent passer pour un rêveur naïf et un gentil troubadour, jusqu’à ce que je la mette à l’épreuve des « terrifiants pépins de la réalité ». La poésie n’est jamais plus forte que quand elle s’ancre dans le réel… Cette douceur, elle est au cœur de mon engagement. Elle n’élude ni la colère ni la révolte, et elle n’occulte rien de la violence ou de la souffrance humaine.

Elle est mon espérance et la nôtre.
Elle est ma raison d’exister.

Et ça n’a pas échappé à Monique Le Marcis, (ici présente, elle fut longtemps responsable de la programmation musicale d’RTL), qui se trouvait parmi le public du Théâtre des Champs Élysées, où elle a redécouvert une chanson sortie un an et demi plus tôt, et qu’elle a décidé de programmer dès le lendemain à l’antenne comme une nouveauté. « Prendre un enfant » lui doit son succès.

Et le même scénario quelques années plus tard pour « La langue de chez nous ».

Ce ne sont pas ces chansons-là que j’ai choisi de chanter aujourd’hui, mais deux autres titres bien moins connus, pour rendre hommage aux deux femmes de ma vie. Noëlle, mon épouse, et Martine, notre fille.

Avec les chansons que j’ai écrites pour Martine, on pourrait composer un album complet (Petite fille, Les fées, Entre père et mari, Mon petit âne corse, N’aie plus peur, Nos yeux se sont croisés, Le pays des mots d’amour, jusqu’où je t’aime, et bien sûr, Prendre un enfant…) Et j’y ajouterai celles qu’elle a suscitées par un mot, une conversation… (Le temps presse, Venise, Regard impressionniste, Si j’étais ton chemin, L’île de Toussaint, Le bateau…) J’ai choisi de vous faire découvrir une chanson moins connue, parce que c’est son portrait caché. Elle n’aime pas qu’on parle d’elle, mais c’est à elle que je m’adresse dans cette chanson.
A travers ce que j’ai appris d’elle, je lui dois beaucoup de ce que je sais aujourd’hui.

« Fragile » (enregistrement public aux Folies Bergère)

L’autre chanson que je voudrais vous offrir à l’occasion de ce salut à ma carrière, est pour Noëlle. Elle n’est pas que mon amour. Au-delà de l’éditrice, la productrice des albums et des concerts, elle est aussi l’inspiratrice de toutes ces chansons, la garante de notre liberté.

J’ai la chance d’être l’élu de son cœur. A une voix près, je perdais le titre…

Depuis cinquante ans, elle fait de notre vie une œuvre d’art.

Et il y a un secret dans l’enregistrement d’origine. Nous avions ce qu’on a coutume d’appeler « une bonne prise ». Une de celles pour lesquelles Claude Dejacques, qui fut mon directeur artistique pendant plus de dix ans, m’aurait dit « T’as pas perdu ton temps… ». Mais je pensais pouvoir faire mieux. J’ai demandé à toute l’équipe de sortir, et Laurent, l’ingénieur du son, a appuyé sur « Enregistrer » avant de quitter lui aussi la cabine, et de nous laisser seuls Noëlle et moi, dans la lumière feutrée du studio.

C’est cette version qui se trouve sur l’album« Respect ».

« Quarante ans plus tard » (enregistrement public aux Folies Bergère)

Merci est un mot bien modeste pour exprimer ce que je ressens à cette minute. Et pour résumer tous les noms et les visages qui me viennent à l’esprit à cet instant. Comment ne pas citer aussi Jean Musy, Jean Dufour, Christian Herrgott, tous les arrangeurs, musiciens, ingénieurs du son, éclairagistes, médias, attachés de presse, journalistes, l’équipe formidable qui nous entoure, les artistes qui m’ont inspiré, et tous les amis qui ont jalonné ce chemin d’écriture de leur estime et de leur amitié.

J’aurais encore mille choses à vous dire, mille amis à saluer, certains d’entre eux sont ici, mais je ne voudrais pas être trop long, pour respecter les nombreux artistes couronnés aujourd’hui par l’Académie.

Merci àau Président Jacques Fournier, à Alain Fantapié, ancien Président de l’Académie Charles Cros, qui n’est pas là pour des raisons de santé mais qui est « ici » (mon cœur) par sa fidèle amitié et par la mienne,

Merci à vous tous.

C’est merveilleux d’être ici.”

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