Montréal, Cathédrale Marie-Reine-du-Monde, le 9 août 2018, les funérailles nationales de Monsieur Paul Gérin Lajoie sont célébrées par Monseigneur l’Archevêque de Montréal, en présence des Premiers Ministres du Québec et du Canada.
La famille de l’ancien ministre de l’éducation du Québec m’a demandé de chanter « Apprendre » lors de cette cérémonie. Cette chanson est née de nos échanges avec Paul Gérin Lajoie (PGL comme il aimait à se nommer lui-même). Il avait souhaité que nous nous rencontrions à Montréal, à l’occasion d’une série de concerts québécois, le rendez- vous avait été programmé pour une demi-heure. Il a duré trois heures. Nous étions impressionnés Noëlle et moi par la force et la bienveillance qui émanaient de sa personne, par sa volonté de transmission et sa détermination à faire de « l’éducation pour tous » le combat de sa vie. Il m’avait alors demandé si j’accepterais d’écrire une chanson pour les 25 ans de sa Fondation, vouée à la lutte contre l’illettrisme dans le monde et pour l’alphabétisation notamment en Afrique et en Haïti. J’ai accepté bien sûr.
Dès notre retour, je me suis mis au travail, inspiré par la richesse de ces échanges et le parcours exceptionnel de cet humaniste attachant pour qui nous éprouvions depuis une profonde affection et un infini respect. J’ai écrit et composé « Apprendre » :
« Sous le soleil la terre se fend
Pour cet homme et pour son enfant
Après le puits qu’il faut creuser
Il reste un sillon à tracer
Sans attendre
Apprendre
À lire à écrire à compter
Ouvrir les portes encore fermées
Sur ce savoir accumulé
Qu’on lui en donne un jour la clé
Il a le monde à sa portée… »
J’ai fait le voyage depuis la France pour offrir un dernier hommage à cette grande figure de l’histoire du Québec, bâtisseur du système éducatif de ce pays, pionnier de la francophonie dans le monde. Au fil des discours et des témoignages de respect qui se sont succédés, se dessinait le portrait d’un géant. Ce petit homme empreint d’une grande humilité a laissé dans le sillage de sa vie une oeuvre politique immense et la trace magistrale d’un esprit lumineux. Un passeur de lumière. La tâche la plus dure pour moi va consister à ne pas me laisser submerger par l’émotion et à parvenir au bout de ma chanson sans « craquer ». Tout au long de la cérémonie, touché par la beauté des témoignages, je vais m’appliquer à oublier la solennité officielle, et à ne chanter que « pour lui ». Ce moment restera sans doute comme l’un des plus forts de ma vie. La chanson, considérée souvent à tort par certains comme un art mineur, trouve parfois ses lettres de noblesse dans des instants comme celui- là, en incarnant soudain la cause d’un pays, l’oeuvre d’un homme, ou le combat de sa vie. Elle célèbre une victoire ou console d’une défaite, cristallise une espérance ou rassemble autour d’une idée. Parfois même elle donne du sens à l’inacceptable, et fait du deuil un partage d’amour. Ce fut le cas de cette superbe cérémonie d’adieu d’un peuple à un homme. C’était bouleversant de respect, d’affection et de reconnaissance. Débordés par l’émotion, nous étions nombreux à pleurer en accompagnant ce grand homme vers l’immortalité.
Article du journal « Le Soleil » 10 août 2018:
MONTRÉAL — Les funérailles nationales du pilier de la Révolution tranquille, Paul Gérin-Lajoie, ont connu leur point culminant, jeudi, avec la touchante interprétation de la chanson «Apprendre», par le grand Yves Duteil, qui était venu de la France pour l’occasion.
Article du Huffington Post :
Entrevue d’Yves par Sylvie Drolet sur RDI suite aux funérailles, 10 août 2018:
Yves Duteil aux funérailles de Paul Gérin-Lajoie
Très ému, le chanteur français Yves Duteil a chanté « Apprendre » hier lors des funérailles de Paul Gérin-Lajoie. Une chanson qu'il a écrite à la demande du père de l'éducation au Québec.
Publiée par Radio-Canada Arts sur Vendredi 10 août 2018
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