Chers amis, c’est depuis Montréal que je vous écris ce petit carnet de voyage… Me voici à pied d’oeuvre pour la tournée du ROSEQ Réseau des Organisateurs de Spectacles de l’Est du Québec logo_roseqIl s’agit d’un circuit culturel bien connu au Québec qui relie des salles de petite capacité où le spectacle prend une dimension intimiste (le détail des dates est ici). Je me réjouis de ces retrouvailles avec le public de la Belle Province, avec lequel s’est tissé un lien inaltérable, jalonné de repères de partage et d’émotions, de “Prendre un enfant” à “La langue de chez nous”, jusqu’à ce nouvel album que j’ai hâte de présenter ici. Cette première série de concerts est un moment particulier puisque je suis seul en scène, entre guitare et piano, avec un programme identique à celui du Trianon. Petites salles, au climat propice à la confidence, à l’intimisme, au dépouillement et à la précision musicale. Un jeu de funambule sur le fil des mots, où la poésie et l’harmonie sont la matière pure du concert. Les chansons apparaissent au plus proche de l’écriture, dans le plus simple appareil, dénuées de tout artifice, dans toute  leur diversité.

“Argentine”

Beaucoup d’entre vous se sont intéressés à la chanson inédite du Trianon, “Argentine”. Fan de Bossa nova depuis mes premiers pas de guitariste, ce morceau très ancien a été l’une de mes premières chansons, composée pour un ami parti  rejoindre un amour à Buenos Aires. C’était juste avant la prise de pouvoir par la junte militaire. Et dès lors, cette chanson d’amour pouvait avoir une résonance ambigüe :Coupe tes racines et trouve ton vrai paradis…” pouvait prêter à confusion dans ce contexte de dictature et de violence extrême, et la chanson a entamé un long sommeil dont elle sortait par instants, mais de façon sporadique et discrète… Elle n’avait pas cependant échappé à certains d’entre vous, curieux et perspicaces… Au cours de la préparation du concert, Néry m’a parlé d’un film qu’il venait de réaliser autour d’une amie créatrice exilée en Argentine, et naturellement, la chanson est venue ponctuer le récit… Et Néry m’a suggéré de mettre “Argentine” au programme du spectacle, et voilà !

Vivre en Argentine

Ou bien vivoter à Paris

Coupe tes racines

Et trouve ton vrai paradis  

Au delà de l’eau

Se trouve un pays merveilleux

Ton bateau t’attend, ton bateau t’appelle

Et tu pleures un peu

Quand tu perds le port des yeux

Mais quand le soleil de l’eau fait de l’or

Le roulis te berce et t’endort

Un morceau de toi est mort …  

Même en Argentine

On ne peut oublier Paris

Ce qu’on imagine

N’est pas toujours vrai dans la vie  

Du delà de l’eau

Ton pays devient merveilleux

Avec son ciel gris, avec son ciel mauve

Et tu pleurs un peu

Mais quand tu fermes les yeux

Tu revois sur fond de brume et de pluie

Un coin de bistrot, un ami,

Un morceau de toi revit …

“Argentine” (version inédite enregistée au Trianon) est disponible  en téléchargement ici.

Hier encore…

Un nouveau numéro de l’émission “HierLogo Hier encore encore” animée par Virginie Guilhaume et Charles Aznavour  sera diffusée en juillet sur France 2, j’y serai en compagnie de nombreux artistes, pour chanter “Nathalie” de Gilbert Bécaud  et Pierre Delanoë,  et pour un trio inattendu en complicité vocale avec Alizée et Elodie Fréget,sur “Foule sentimentale” d’Alain Souchon et Laurent Voulzy, des noms qui ont semé sur ma route des graines d’émulation et m’ont insufflé l’envie d’écrire… Plaisir et nostalgie mêlés dans la salle mythique de l’Olympia…

Roda-Gil à l’honneur à la SACEM…

IMG_6306La SACEM a rendu un hommage émouvant et fraternel à Etienne RODA-GIL, poète béni des auteurs pour son talent éclectique et atypique qui lui a permis d’écrire des textes tant pour Claude François (“Magnolias for ever”, “Alexandrie, Alexandra”…)  que pour Vanessa Paradis (“Joe le taxi”…) Isabelle Boulay, Johnny Halliday ou Mort Shumann,  et Julien Clerc bien sûr, dont il a accompagné toute la carrière dans un style percutant, engagé, aux fulgurances inspirées et foisonnantes (“Utile”) aux vers parfois obscurs et hermétiques (“Poissons morts” : “Poissons morts Allez donc dire aux moissonneuses  Que la graine de mitrailleuses N’est pas la brillantine des Dieux, de Dieu”…) et où même la légèreté est empreinte de richesse (“Ce n’est rien”, “La chamade”, “Niagara”, “La cavalerie”…). Révolté permanent et rebelle à l’ordre établi, cultivant la beauté authentique, il a été englouti comme “le radeau de pierre” dans le tourbillon du deuil de l’amour de sa vie, sa “mine d’or” dont il cueillait les pépites à pleines brassées… IMG_6301 Jean-Pierre Marcellesi l’a salué superbement en chantant la chanson qu’ils ont composée ensemble, “Ara Maria”, clin d’oeil d’un corse à une âme catalane en allée… Vous l’avez compris, les chansons de Roda-Gil sont gravées dans ma culture musicale aussi fort que la musique brésilienne, et “Terre de France” l’album phare de Julien Clerc, est un chef d’oeuvre à réécouter en boucle…

Les cent ans de la naissance de Félix Leclerc

Et nous voici ici et maintenant : à Québec, sur les Plaines d’Abraham, à l’endroit même où avait eu lieu le célèbre concert de la Francofête (“Quand les hommes vivront d’amour”…), un hommage va être rendu le 3 juillet pour fêter le centenaire de la naissance de Félix Leclerc. De nombreux artistes (Diane Dufresne, Michel Rivard…)  chanteront Félix, et en accord avec l’équipe de ce grand concert, j’interprèterai “Contumace” devant un public de plusieurs dizaines de milliers de spectateurs… Avec le souvenir de la rencontre avec ce grand poète en 1984, chez lui à l’île d’Orléans, au milieu du Saint Laurent. La délicatesse de Félix est toute dans cet échange où Jean Dufour, notre agent commun en France, avait demandé : “Félix, ça vous ennuierait si on faisait une photo avec Yves ? ” Et Félix : “Je n’osais pas vous le demander”… C’est là qu’il m’a parlé de son combat pour sa langue maternelle, cernée par “un océan anglophone”, alors qu’il y a au Québec 95% de francophones… L’empreinte de cette conversation a été tel qu’au retour de cette rencontre qui a changé mon regard sur le rôle de l’artiste, j’ai écrit et composé “La langue de chez nous”, qui lui est dédiée. En revenant chez lui quelques mois plus tard, je lui ai réservé  la primeur de la chanson, achevée mais pas encore enregistrée,  et en retour,  il m’a offert ses larmes en souvenir ineffaçable. Le soir même je chantais pour la première fois “La langue de chez nous” sur la scène à Québec. L’autre instant incroyable de ce parcours. Après un silence d’une profondeur stupéfaite, la salle s’est levée et j’ai été “poussé en arrière” par le souffle  du public. Je n’oublierai jamais.

C’est dans ce contexte que débute cette tournée, qui promet d’être mémorable elle aussi…
Des entrevues ont été réalisées à cette occasion, et je sais pour l’avoir constaté, que  certain(e)s d’entre vous vont chercher (et trouver !) sur le net les liens de ces échanges, qui portent autant sur les chansons et les concerts, que sur le livre “La petite musique du silence”, qui vient de paraître au Québec, et “Profondeur de chant”.

Les “Conversations” passionnantes de Bertrand Révillion

Je vous signale au passage la sortie chez Médiaspaul du livre de Bertrand Révillion, “Conversations” qui publie le recueil de ses entrevues dans “Panorama”. Un régal…

Je vous embrasse affectueusement

Gros becs 🙂

Yves

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