IMG_7425Ce dimanche 11 janvier 2015, la France est debout, unie dans le même chagrin au cœur d’un sommet historique pour l’humanité. Les milliers de paroles échangées, ce rassemblement incroyable, bien sûr, c’est pour Charlie, pour la liberté d’expression, pour la République, la démocratie… Charlie Hebdo c’est notre histoire, c’est notre affaire. Cabu, Charb, Tignous, Honoré, Maris, Wolinski et toutes les victimes innocentes de ces massacres sont devenus des membres de notre famille.th Les témoignages poignants de leurs proches, les mots remarquables de Jean D’Ormesson, de Robert Badinter et de tant d’autres, la présence dans la rue de plus de quarante Chefs d’États de la planète, les voix des musulmans de France et du Monde, les paroles bouleversantes des familles des policiers et celles des juifs assassinés à Vincennes ont soudé nos destins dans la même fraternité.
Mais au-delà, quelque chose s’est réveillé. Au pays des Droits de l’Homme, les cœurs ont submergé le silence d’un raz de marée d’émotion. Les musulmans ne reconnaissent pas l’islam dans cette imposture. La barbarie n’est pas une religion.

En chemin vers la Place de la République, nous croisons Hassen Chalghoumi, l’Imam de Drancy, accompagné de quelques personnes : il vient juste de sortir de la synagogue. Boulevard Beaumarchais, nous sommes dans un fleuve humain qui se dirige vers le point de ralliement mais devant, la foule est trop dense, le cortège s’arrête. Quelqu’un lance une Marseillaise, qu’on reprend en chœur, bouleversés au souvenir de ces absents si présents, on pleure, on applaudit, et comme un symbole inattendu de cette journée de résistance, il est désormais impossible d’atteindre la République, la Nation. Nous sommes une barricade humaine. À la lutte contre l’intolérance, le racisme, l’antisémitisme, il faudra désormais associer l’islamophobie. Des centaines de milliers d’âmes se côtoient, se sourient, nous faisons bloc. Nous rejoignons le Boulevard Voltaire par une rue transversale. On avance…

Charlie… berté.

IMG_7441Nouveau moment d’émotion, Boulevard Richard Lenoir, une longue colonne de véhicules de police se fraie un chemin au cœur même de la marche. Des applaudissements nourris les acclament pendant toute la durée de leur passage. Un interminable “Merci…”

Personne n’a peur. Et pourtant… Les policiers que l’on aperçoit sur les toits, ceux plus près de nous qui observent partout à la ronde, c’est bien pour quelque chose…

Après l’angoisse de ces derniers jours, et au-delà de ces journées historiques de mobilisation, l’enjeu est pour demain.

L´exigence exprimée par la population devra avoir une suite de la part des responsables politiques, à la hauteur de ce sursaut sans précédent dans l’Histoire. Il semble qu’une réunion internationale soit prévue à la mi-février pour bâtir une réponse mondiale à ce fléau. Les verrous qui empêchaient hier encore l’expression de cette prise de conscience sont-ils en train de sauter ? Un livre prémonitoire vient de sortir : “Devenir soi” de Jacques Attali, et cette marche émouvante semblait lui répondre en écho : “Nous sommes Charlie”…

Partager :